On s’est laissé en 2015 alors que je fricotais avec un photographe appelé N. et qui photographiait des couchers de soleil.
Je suis alors partie vivre à Sète pour y travailler dans une très chouette librairie. Ma vie sociale n’était pas dingue, mais le travail et la vie dans le sud au printemps et pendant l’été m’auront quand même fait beaucoup de bien. Au milieu de tout ça j’entamais une autre histoire avec J. qui vivais à Rennes (un peu loin de Sète mais que voulez-vous) et qui deviendra quelques années plus tard, mon mari (la vie parfois fait des dingueries).
De son côté J. ne fait pas dans le coucher de soleil mais dans les gens. Il faisait beaucoup de portraits, et aussi des gens à poil. Clairement c’était sa spécialité. En 2015 quand je l’ai rencontré il n’était pas du tout professionnel même s’il lui arrivait parfois l’été de faire quelques mariages pour arrondir ses fins de mois. C’est lui qui va m’introduire dans le monde des photographes et me permettre de vraiment évoluer. Il me prêtera son matériel et son ordinateur pour que je puisse travailler mes photos. Les premiers temps je vais surtout être photographiée. Par lui surtout, et puis par d’autres photographes qu’il fréquentait.



J’ai appris de chaque photographe, D. faisait de l’argentique, il me montrait comment développer des pellicules, J. me montrait la colorimétrie, comment retoucher les couleurs, la lumière qu’il aimait utiliser, les poses à prendre, celles qui rendaient mieux etc. Chaque séance photo était pour moi l’occasion d’emmagasiner des informations, des astuces, des techniques.
Pour la première fois aussi, quelqu’un qui savait faire des portraits allait se laisser prendre au jeux et me proposer une séance, moi en tant que photographe. J’avais une trouille immense. Il me semble me souvenir que l’on s’est pris la tête 1000 fois, mon égo à été blessée plusieurs fois mais j’ai réussi à être contente du résultat. J’avais l’impression d’avoir capté quelque chose.



Il m’a coaché pour les retouches et je découvrais alors un monde infini. Des milliards de possibilité qui changent tout d’une photo… Vont suivre alors mes premières séances avec de “vrais gens”. D’abord mon associée, qui gentiment se prêtera au jeu et me laissera rater quelques séances avant de réussir à sortir un truc bien.


Il y a plein de choses qui ne vont pas dans ses photos. Je ne sais pas du tout diriger les modèles et j’ai beaucoup de mal à regarder l’arrière plan et les couleurs que j’utilise ne sont pas subtils, mes retouches de peau trop brouillons. J’utilise beaucoup le noir et blanc pour “cacher” les choses que je ne sais pas retoucher mes ces deux là ne sont pas si pire.
2017 il s’est passé plein de choses… J. et moi aurons une phase pas dingue qui va me faire habiter ailleurs que chez lui pendant 4 mois. Parallèlement c’est le moment incroyable de l’ouverture de la librairie et ma vie prenait alors un nouveau tournant. Je devenais cheffe d’entreprise et m’engageais professionnellement pour la première fois sur du long terme.





En plus de tout ça, c’était aussi l’année ou je me suis investie dans une association féministe nantaise qui m’avait proposé de faire ma première expositions pour le 8 mars. J’ai pu y présenter des portraits de femmes avec un petit textes sous chacune mais je n’ai plus aucune idée de quoi il retournait.






2017 aura été une année avec beaucoup d’expérimentation, beaucoup de séances et d’opportunités. Je suis vraiment reconnaissante à toutes ses personnes qui ont bien voulu me laisser les photographier, et essayer. Grâce à elles j’ai pu m’améliorer de séance en séance et je vois aujourd’hui l’énorme évolution de mon travail.
J’ai aussi posé pour J. et nous avions décidé de copier 3 photos de Frida Kahlo :



En 2018 je continuais de rencontrer beaucoup d’autres photographes et continuais à poser mais quand je regarde les dossiers sur mon ordinateur je me suis rendu compte que plus j’avançais et moins j’avais envie de poser.
Le seul avec qui j’ai continué à collaboré régulièrement c’est J. Même si chacune des séance était une épreuve pour notre couple, on ressortait toujours content du résultat. Il aura toujours été le seul me faisait m’aimer en photo.






2018 sera sûrement l’année ou je ferais le plus de photos. Mon style commençait à être reconnaissable, je trouvais mon fond noir chouchou et commençait à diriger les modèle de manière efficace. Je savais de mieux en mieux ce que je voulais et réussi (parfois) à l’obtenir. C’était l’époque béni sans enfant ni contraintes ou j’ai eu tout le temps nécessaire pour faire plus ce qui me permetait de faire mieux.
Je serais aussi contactée par une cliente de la librairie, qui me demandait de la prendre en photo. Elle était anorexique et avait besoin d’images fortes pour se rendre compte de l’état de son corps. La séance fut très éprouvante pour elle, mais je ne peux pas occulter cette photo qui fait complètement sens dans mon parcours photographique.
Cette année là j’ai photographié par deux fois Sophie, la graphiste de la librairie qui était aussi (souvent) modèle pour photographes. Son aisance devant l’appareil m’auront beaucoup aidé et le fait de la connaître personnellement à sûrement aidé à être de plus en plus efficace. La séance complète est là.


Forcément je ne pouvais pas passer sur l’année 2018 sans mentionner cette photo de mon associée préférée, Sorcière Misandre de son nom de plume. Pas peu fière de cette photo, je la remercie sincèrement d’avoir passé des heures à poser pour moi afin de me laisser la chance de photographier les tréfonds de son âme. Tout est disponible ici (pas les tréfonds de son âme, juste les photos).


Les séances de Marie est disponible en entier sur mon site !
2019 fut mon année de gloire. Je suis tombée enceinte et février pendant notre voyage de noce au Québec (peut-on faire plus cliché s’il vous plait ?) et c’est aussi l’année où un client de la librairie, passionné d’art et de photographie à demandé à m’acheter un tirage d’une photo. Je me souviens avoir été complètement abasourdie par la demande, paniqué parce que je ne savais pas quel prix donné à mon travail et puis surtout, ou faire tirer cette photo, est-ce qu’en vrai, on ne verra pas tout ce qui est moche et raté ? Je ne comprenais vraiment pas pourquoi il voulait acheter une photo à sa libraire d’un type qu’il ne connaissait pas. Le fait est que j’ai quand même réussi à mettre un prix sur cette photo et qu’il est reparti avec pour l’encadrer et l’accrocher chez lui dans sa collection d’œuvres d’art…
Plus l’année 2019 avançait, plus mes neurones diminuaient. La grossesse me faisait oublier des rendez-vous pour des séances, j’arrivais sur place sans carte mémoire et je perdais plus en plus la capacité à me contorsionner pour photographier… Une fois arrivée chez moi je constatais souvent qu’une grosse partie de mes photos était floue et que la mise au point mal faite. Bref, beaucoup de photo loupées durant cette période…
J’ai de plus en plus photographié dans le cocon de mon chez moi, avec mon fond noir chouchou, sans prise de tête. J’ai quand même réussi à trouver de nouvelles têtes qui ont bien voulu faire des tests avec moi. Je vous laisse donc voir quelques photos de cette année 2019, avant la naissance de Lou.





En 2020 je n’ai fais qu’une seule séance photo de l’année. Avec Alwena qui à très gentiment acceptée de faire une séance photo pendant la sieste de ma fille, prenant le risque d’être interrompue et de devoir supporter des pleurs de bébé. On est pas sur une séance à l’originalité folle mais, elle n’est pas loupée pour autant.


En 2021 j’ai la chance de photographiée pour la deuxième fois Isol, qui est photographe de métier et qui pose aussi parfois. Je suis particulièrement fière de cette photo que je trouve particulièrement réussi.

En 2022 il s’est passé par deux fois quelque chose d’assez incroyable : deux maisons d’édition ont fait appel à moi pour faire des portraits de leurs autrices. J’ai adoré cet exercice et j’ai trouvé hyper satisfaisant de voir mes portraits dans les médias pour parler de l’actualité littéraire. J’ai eu l’impression d’avoir trouvé le moyen de mélanger ma passion à mon travail de libraire :
Depuis 2022 il ne s’est pas passé grand chose. Il y a un enfant dans mes pattes régulièrement et mon mec travaille depuis le salon. Je ne me sens plus “libre” de faire des séances quand ça me chante, surtout qu’il faut souvent déménager toute la pièce. J’ai l’impression que les choses sont rendues plus compliquées.
Où peut-être que c’est juste moi qui n’arrive pas à prioriser pourtant quelque chose qui m’épanouissait…
Dans un an nous aurons une maison, l’espace sera plus grand, mon mec aura un bureau pour travailler et moi le reste de la maison pour expérimenter. J’ai vraiment espoir de pouvoir à nouveau refaire des photos, pour le plaisir d’expérimenter, pour la fierté, pour réussir quelque chose par moi même.
Il me tarde de réussir à retrouver le chemin de mon appareil (même si en vrai je n’ai plus d’appareil à moi) et de l’inspiration.
En attendant, je vous laisse avec quelques photos issues des séances réalisés ces dernières années. J’espère qu’elles vous plairont et que j’aurai bientôt de nouvelles à vous partager.



Si cette plongée dans mes archives photographiques vous a plu, n’hésitez pas à vous abonner et à aller faire un tour sur mon site : https://langlemort.com car les photos présentées sont souvent recadrées par Substack…
C’est trop bien d’avoir toute l’évolution, de voir à quel point tu as trouvé ton style avec les années, et les essais etc. Quand on suit ton travail un peu “au jour le jour” on oublie ce que c’était deux ou six ans avant, donc là c’est vraiment très cool de se refaire le chemin parcouru !
Trop trop chouette ce couple de newsletter sur ton évolution de la pratique, c’est trop bien d’avoir autant d’archives ❤️ J’adore ton travail depuis longtemps tu as beaucoup de talent et un vrai oeil !