La photo et moi #1 (2007-2015)
J'ai rebranché un très vieux disque-dur et je me suis dis que ces photos méritaient une petite newsletter. Ceci est la première partie, celle où je découvre que j'aime photographier.
Quand j’avais 4 ans, j’habitais à Béziers (Robert Ménard ne nous empêchait pas encore de pendre notre linge et aux fenêtres). Mes parents était au RMI (l’ancien RSA) et on vivait dans un HLM où ma mère avait chopé la galle. Ambiance Zola mais avec l’accent du sud.
Je crois que je suis tombée en amour pour la photographie à ce moment là. Alors que nous n’avions que des jetables que mes parents achetaient parfois, j’adorais les prendre en photos. Nos albums sont plein de photos d’eux en contre-plongé et la vue sur leur trous de nez étaient mes meilleurs paysages.
Pendant mes années collèges je n’habite plus dans le sud mais en Vendée et c’est le début du numérique. Je passe mes week-end à inviter mes copines pour faire des séances photos. Il y a là des pépites mais elles sont malheureusement dans les archives familiales et non dans les miennes. Tout cela à base de gavroche, lunettes de soleil et nos plus beaux hauts des années 2000….
En 2007, j’avais 16 ans et je vis une sorte de déclic pendant mes vacances d’été en Espagne. J’ai commence à avoir “l’oeil”. Il me faudra l’entraîner mais il se passe quelque chose, je peux passer des heures à photographier des scènes que je trouve cocasses ou belles. Un soir je suis même parti me balader seule avec l’appareil photo familiale et je me sentais libre de photographier n’importe quoi. Il n’y avait personne qui m’attendait, personne qui me jugeait, j’étais seule pour expérimenter et je trouvais cela grisant. Nos photos de vacances sont pleines de tongs dans le sable et je me sentais l’âme d’une artiste.
Mes photos n’vaient pas de but si ce n’est d’essayer de cadrer et de faire des choix esthétiques (douteux certes, mais rappelez-vous que c’était l’époque des strings qui dépassent du taille basse…). J’ai l’impression d’avoir débloqué une passion.
En 2008 c’était lancé. J’ai 18 ans et je m’achetais mon premier appareil photo. Un bridge de chez Sony que j’ai aimé d’un amour fou et que j’emmenais partout. Je passais beaucoup de temps dans les gare et photographiais tout le monde dans le plus grand des secrets. Je me prenais pour Doisneau, je rêvais de surprendre une scène incroyable et de gagner plein d’argent. Qu’est ce qu’on est naïve à 18 ans…




Au printemps 2009, je suis repartie en vacances en Espagne et c’est clairement en vacances que je deviens meilleure, tout m’inspirait. J’avais 19 ans et je partais souvent seule me promener. 16 ans plus tard je trouve ces photos pas pire malgré certains cadrages approximatifs (moins pire en vrai, Substack adore recadrer mes photos sans autorisation.)







Durant toutes ses années je m’essaye à l’auto-portrait, comme toute jeune artiste qui n’a personne sous la main à photographier et qui a plutôt honte de demander . C’est plutôt raté mais c’est drôle alors je vous montre :



Je rappel aux jeunes du fond qu’à mon époque (putain j’ai dit “à mon époque”), les téléphones n’avaient pas tous des appareils photos et que le mode selfie n’existait pas. On retournait donc l’appareil et on mitraillait à l’aveugle jusqu’à trouver une photo pas trop moche.
2009 est définitivement mon année, je voyageais pas mal et passais mon temps derrière mon appareil. Je venais d’avoir mon BTS hôtellerie - restauration (écoutez, je suis pas devenue cheffe mais je sais couper les légumes très vite et même en fermant les yeux), la vie me tendait les bras et j’avais pour projet de partir à la fin d’année vivre à Londres avec mes potes. Que demande le peuple ?



Eté 2009, j’ai eu le malheur de tomber amoureuse mais je m’étais jurer de ne pas annuler mon voyage. Nous avons donc entamé un CDD jusqu’à ce que je parte. Durant cette période j’ai fait cette photo que je trouvais sublime et que je lui ai offert avant de partir. Première fois que j’offre un de mes tirages.
En septembre de la même année j’habitais Nantes et je photographiais toujours les gens à leur insu. C’est creepy as fuck, mais à l’époque, il n’y avait pas Instagram et tout cela restait confidentielle. Je me prennais toujours pour Doisneau. J’étais tellement fière de ces clichés que je vais même en faire tirer quelques unes mais ne les montrerai jamais.



En octobre 2009, comme prévu, je suis partie vivre avec mes deux meilleurs copains à Londres pendant 4 mois et ma passion à été de me balader avec mon appareil. Seule c’etait encore mieux. Durant mes jours de congés je partais me perdre dans les rues de Londres et Oxford et vivais ma meilleure vie. J’avais l’impression d’être photojournaliste et prennais un immense plaisir à illustrer ma vie. Je m’imaginais plus tard travaillant dans Elle et devenir la nouvelle Carrie Bradshaw qui fait de la photo...
Je ne savais pas encore que j’étais bien loin de cette meuf là mais mon imagination n’avait pas de limite. Dans mes instants de divagation je poussais même le fantasme et m’imaginais reporter de guerre, c’est vous dire à quel point j’étais perchée.






En 2010 j’ai décidé qu’il était temps pour moi d’apprendre les bases de la photographie et je décide alors de m’inscrire à un club photos. Pour la première fois j’échangerais avec des gens qui s’y connaissent et qui pourront m’apprendre plein de trucs. J’étais passionnée, avide d’apprendre mais très vite, la technique m’a ennuyée. Faire des calculs pour mesurer mon ouverture et ma vitesse très peu pour moi, flemme de faire des maths pour faire des photos. Ce que je voulais c’est apprendre à ouvrir mon œil. Heureusement un photographe m’a prise sous son aile et cela va déclencher l’envie de faire du portrait. Pour la première fois je vais passer de l’autre côté et devenir modèle. Il va me photographier et je vais (enfin) commencer à progresser. Je vais commencer à photographier des gens, imaginer des mises en scène. C’était brouillon, franchement moche mais j’ai enfin osé faire ce qui m’attirait.
J’ai posé plusieurs fois pour ce photographe, je commençais à réfléchir à mes photos, à anticiper des cadrages.
En 2011, 2012 et 2013 je n’ai plus fais de photos. Je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé mais je n’ai plus aucun dossier en dehors de mes photos de vacances avec mon ex. Enfin si je sais, ma vie se range un peu, j’arrête de vivoter un peu partout et je me “pose”. J’avais le même mec depuis 2009, j’étais apprentie en librairie chez Coiffard, vivais entre Nantes et Bordeaux où j’avais mon école. Je n’avais certainement plus trop de temps. Socialement je vivais quand même ma best-life puisque c’est l’année où j’ai rencontré les Morues mais je faisais peu de photos. Il fallait lire lire lire et apprendre des trucs sur la littérature allemande, Thomas Mann et sa montagne magique… Je lisais Blonde de Joyce Carol Oates et ai développé une passion pour Marilyn Monroe. Quand je ne lisais pas sa biographie je regardais ses films…
J’ai eu mon diplôme en 2012 et ai tenté de rentrer dans la vie active. J’ai enchainé les CDD merdiques jusqu’en 2014 où je suis partie vivre à Toulouse pour travailler dans l’une des librairie les plus réputée de France. Manque de pot mon mec de l’époque me larguait après quelques mois maaaaiiis c’est aussi la période ou j’ai décidé de m’acheter enfin mon premier reflex. Un Nikon D3200 avec un objectif 24-70 de chez Sigma. Je n’y connaissais rien mais étais ravie.





J’ai enchainé pendant plusieurs moi les relations d’un soir et ai fini par m’amouracher de mon premier photographe. Oui je dis premier parce qu’il y en aura deux. Le premier donc qu’on appellera N. faisait de très belles photos de coucher de soleil et de concerts. Mais j’étais surtout fascinée par sa précision, ses connaissances techniques et sa capacité à retoucher les photos. Avant lui je ne savais pas que l’on pouvait retoucher des photos. Enfin si, pour les pubs, et sur les filtres instagram qui commencent à se mettre partout mais pas les gens lambda pour qui ça n’est même pas le métier. Je pouvais passer des heures à le regarder retoucher.
J’aurais voulu vous raconter que j’étais une femme indépendante, self made women, qui n’a eu besoin de personne pour apprendre à faire des photos, pratiquant seule dans son coin et potassant tous les livres de la bibliothèque mais je dois bien avouer que non. J’ai malheureusement tout appris avec des types…
J’ai très peu fréquenté de femmes photographes, je n’en connais d’ailleurs pas énormément. J’ai été modèle pour d’autres photographes (hommes) et même si cela m’a beaucoup appris cela a aussi entamer ma confiance. Je crois que me comparer constamment aux autres modèles et voir mes imperfections physiques être souvent retouchées a été fatale. Heureusement, c’est aussi parce que je n’avais plus confiance en mon physique que j’ai eu envie de passer de l’autre côté de l’objectif et, moi aussi, photographier les autres, et surtout les femmes
Mais ça ce sera dans la prochaine newsletter !
P.S : Il y aura sûrement beaucoup de fautes d’orthographes, et je suis désolée pour celleux à qui ça pique les yeux. Je me suis pourtant relue moultes fois maaaiis j’ai beau être libraire je suis nulle pour l’orthographe, la grammaire et la concordance des temps.
Très intéressant ! Merci pour ce partage !
Ma photo pref : celle en nb où tu poses de dos avec le mur devant toi. Il y a quelque chose je trouve entre la texture du dos et du mur.
C'est très gentil merci !
Dans la prochaine newsletter que je prépare, je montrerais l'évolution de 2015 à 2025 et pour le coup je suis toujours assez fière de ce que j'ai réussi à sortir !